AA2 Imp Cochléaires

AA2 Evaluation objective des implants cochléaires avec un logiciel

Responsable: Willy Serniclaes

Membres: Cédric Gendrot, Jacqueline Vaissière, Stéphanie Borel, Clara Legendre 

 

Description

L’un des objectifs de l’axe 4 est de comprendre comment s’opère l’acquisition de processus spécifiques à une langue donnée à partir d’un substrat universel. Dans le cas des enfants sourds avec Implant Cochléaire (enfants IC), des contraintes sur le développement de la perception de la parole peuvent provenir soit de la privation auditive durant les premiers mois de la vie, soit de limitations technologiques dans la transmission of de signaux acoustiques par l’implant. Des recherches antérieures ont montré assez clairement que des périodes de privation auditive relativement restreintes (jusqu’à l’âge de 2 ou 3ans) ne modifient pas l’architecture de la perception de la parole. La perception de sons de la parole par les enfants IC n’est pas qualitativement différente de celles d’enfants contrôles normo-entendants (contrôles NE). Les enfants IC présentent le même degré de « perception catégorielle » que les contrôles NE, c.à.d. que la relation entre leurs performances de discrimination et d’identification ne dépend pas du groupe (Medina & Serniclaes, 2009, Rev. Log. Fon. Audiol.; Bouton et al., 2012, J.Speech Lang. Hrng. Res.). Les enfants IC présentent également le même degré d’Effet de Lexicalité que les Contrôles NE, c.à.d. que les deux groupes présentent également une meilleure discrimination des mots par rapport à des pseudomots (Bouton et al., 2011, Speech Com.). Cependant, il y a des différences quantitatives entre enfants IC et contrôles NE. Les enfants IC présentent un déficit de précision dans la perception de traits phonémiques et ce déficit est le plus important pour le trait de nasalité par comparaison avec d’autres traits vocaliques ou consonantiques (mode et lieu d’articulation, voisement et aperture: Bouton et al., 2011; 2012). Ces différences de précision proviennent vraisemblablement de limitations de l’implant cochléaire dans le codage des indices spectraux. L’objet de la tâche AA2 est de spécifier l’origine de ces limitations acoustiques. La méthode utilisée pour évaluer les  performances des IC fera appel à une simulation des processus de perception de la parole sur ordinateur. Les signaux émis par l’IC, qui sont normalement transmis au nerf auditif, seront transférés sur micro-cordinateur et classés en phonèmes à l’aide d’un logiciel approprié (Serniclaes et al., 1996, Audiology; 1998, Acustica). Les performances de classification seront ensuite testées avec de  large bases de données de parole afin d’en assurer la fiabilité. Cette méthode fonctionnera comme un utilisateur d’IC virtuel, ce qui permettra d’évaluer les multiples combinaisons possibles des paramètres de contrôle de l’implant (ou « stratégies de réglages ») sans mobiliser les utilisateurs réels et le personnel paramédical. Des investigations  préliminaires ont démontré la faisabilité de cette méthode and et sa validité (Serniclaes, 2001, ISWOMCI). Les effets d’un changement de stratégie de réglage sur la perception de la parole avec différents profils électrophysiologiques, correspondant à différents utilisateurs d’IC, étaient corrélés à ceux obtenus avec les simulations sur ordinateur. Les applications possibles de cette méthode objective sont: (1) d’obtenir la meilleure stratégie de réglage pour un patient donné en simulant son profil électrophysiologique (i.e. nombres de canaux actifs et largeurs de bandes); (2) de comparer les performances de différents prototypes d’IC. Des investigations ultérieures auront pour objectif d’expliquer les différences de perceptibilité entre la nasalité et les autres traits phonologiques.

Liens

Hung Thai-Van, Evelyne Veuillet, Ludovic Bellier & Anne Caclin. Service d'Audiologie & d'Explorations Orofaciales Hôpital Edouard Herriot - Hôpital Femme Mère Enfant - Hôpital Lyon Sud
Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon

http://www.chu-lyon.fr/web/Service_Audiologie%20et%20Explorations%20Orofaciales%20-%20HEH_2520_2788.html

Marie-Thèrése Lenormand, Institut de Psychologie, Université Paris-Descartes

http://recherche.parisdescartes.fr/LPPS/Membres/Membres-titulaires/Marie-Therese-Le-Normand