WLA3. L’utilisation d’informations morphologiques pour apprendre l’orthographe de nouveaux mots.
Responsable : Sébastien Pacton (LMC)
Membres extérieurs : Séverine Casalis, Jean-Noël Foulin, Rebecca Treiman.
En français, comme en anglais et dans d’autres langues, l’orthographe de certains mots est motivée par celle de mots morphologiquement reliés. Par exemple, le son /wɑ/ peut se transcrire oi (e.g., envoi), oit (e.g., exploit), ois (e.g., siamois), ou oie (e.g., joie). Le mot morphologiquement relié exploiter, avec le t prononcé, peut être utilisé pour déterminer que la racine exploit s’orthographie avec un t muet. Des études ont suggéré que les enfants procèdent ainsi dès la première primaire parce qu’ils orthographient mieux les mots possédant des mots morphologiquement reliés que ceux n’en possédant pas (e.g., Sénéchal, 2000 en français; Treiman et al., 1994 en anglais). Toutefois, une limite importante de la plupart de ces études est que, même si les mots spécifiques sont appariés sur leur fréquence, la différence de performance orthographique observée selon que les mots possèdent ou non des mots morphologiquement reliés pourrait refléter une différence de fréquence de certains segments formant ces mots. Par exemple, le segment dirt dans dirty, qui survient aussi dans dirty et dirtiness, est plus fréquent que le segment dut dans duty, qui survient seulement dans duty (Treiman et al., 1994).
Le but de ce projet est d’étudier si les enfants bénéficient d’indices morphologiques pour apprendre de nouvelles orthographes. Les enfants lisent des histoires contenant deux non-mots cibles, l’un présenté dans une condition opaque, l’autre dans une condition morphologique. Dans la condition opaque, la phrase fournit une information sémantique (e.g., un vensoit est un instrument de musique) mais pas d’information morphologique qui pourrait justifier l’orthographe du son final. Une telle justification était disponible dans la condition morphologique (e.g., le vensoitiste joue du vensoit, qui justifie que ventoit inclut un t muet final). L’hypothèse est que les enfants bénéficieraient de l’information sur l’orthographe du mot morphologiquement complexe pour apprendre l’orthographe de la racine, et par conséquent, qu’ils apprendraient les nouvelles orthographes présentées dans la condition morphologique mieux que celles présentées dans la condition opaque, même si la racine est présentée aussi souvent dans les deux cas.
Publications:
Pacton, S., Deacon, S.H., Borchardt, G., Danjon, J., & Fayol, M. (2011). Why should we take graphotactic and morphological regularities into account when examining spelling acquisition? In V. Berninger (Eds.) Past, Present, and Future Contributions of Cognitive Writing Research to Cognitive Psychology (pp. 333-358). USA: Taylor and Francis.
Pacton, S., Foulin, J.N., Casalis, S., & Treiman, R. (submitted). Children benefit from morphological relatedness when they learn to spell new words.