OLA8 Enoncés

OLA 8:  Non sentential utterances in child and adult speech

Responsable: Jonathan Ginzburg (U. Paris Diderot)

Membres: Judit Gervain(U. Paris Descartes), Dimitra Kolliakou  (U. Paris Diderot), Sara Moradlou (U. Paris Diderot)

Associés: Shalom Lappin (King's College, London), Eve Clark (Stanford University)

 

Description

          Jusqu'à tout récemment l'analyse formelle et informatique de la langue a été concentrée sur les phrases isolées dans les monologues et sur les textes. Ces dernières années on observe un intérêt croissant  afin de fournir des analyses formelles et informatiques de la langue parlée réellement produite (voir par ex. Asher & Lacsarides, 2003; Poesio & Rieser, 2011; Ginzburg, 2012). Ce travail a montré inter alia que  les énoncés non phrastiques et les actes de réparations (les autocorrections et les demandes d'éclaircissements)  tenus depuis longtemps  pour être très irréguliers et difficiles à décrire au moyen de règles précises peuvent en fait être classés en utilisant des taxonomies relativement simples (Heeman & Allen, 1999; Fernández & Ginzburg, 2002; Purver, Ginzburg & Healey, 2003; Schlangen & Rodriguez, 2004). De plus, les règles sémantiques qu'on doit utiliser afin de calculer leur signification sont tout à fait canoniques étant donné une théorie du contexte assez riche (Ginzburg & Sag, 2000; Schlangen, 2003; Fernandez, 2006; Ginzburg, 2012).

          On trouve beaucoup des études utiles concernant les compétences linguistiques des petits enfants (voir par ex. Tomasello, 2001; Nazzi, 2005; Kinzler,  Dupoux & Spelke, 2007). Parmi les chercheurs de la langue enfantine on insiste sur l'importance d'étudier l'acquisition dans le contexte du dialogue  naturel  (Clark, 2002; Morgenstern, Parisse & Sekali, 2010). Mais, il a été effectué jusqu'à maintenant peu de travail sur  le dialogue adulte/enfant en utilisant les outils formels et informatiques qu'on a utilisés pour l'analyse du dialogue adulte/adulte  noté au-dessus (voir Ginzburg & Kolliakou, 2009; Cooper & Larsson, 2009, pour des exemples d'une telle analyse d'interaction adulte/enfant). Au sein de mon projet je propose d'analyser le dialogue au stade pré-syntaxique,  illustré en (1a-c) du corpus COLAJE (Parisse & Morgenstern, 2011) [MOT=mère,CHI=enfant,OBS=observateur]:

 

(1)

(a) MOT:     dans le bateau .                      CHI (MADEL): ah les poussins .

(b)  MOT:    un escargot ?                          CHI ( ANAE): oh là !             

(c) *OBS:   hou, joli petit sac à dos . *CHI:       maman . *OBS: c'est `a maman?

 

          En fait cette période est intrigante. Comme nous le discutons  plus en détail ci-dessous, beaucoup d'énoncés des enfants à ce stade  perçus comme compréhensibles par l'adulte n'ont pas de corrélations directes dans l'input de l'adulte. De plus, l'adulte  donne fréquemment une réponse qui soutient l'acquisition des énoncés phrastiques:

 

(2)

(a) MOT:     il n' est pas nécessaire de crier Antoine tu sais  CHI (antoi): cassé . (COLAJE)

(b) MOT:     c'est les barbes à papa !CHI ( ANAE): ça (COLAJE)

 

(c) [contexte visuel: l'enfant tient une poupée et  montre une saleté du doigt sur sa tête]

 *CHI:        enlever .

*CHI:         bébé.

*CHI:         laver .

*CHI:         l'enlever .

*MOT:       tu l'as lavé hier .

*MOT:       oui .

*CHI:  bébé

*MOT:       oui ah mais on n'a pas réussi à  enlever ça. (COLAJE)

 

          Ce dont on a besoin est une théorie formelle d'interaction conversationnelle qui peut décrire avec précision la gamme des contenus que les énoncés enfantins peuvent apporter (dans une perspective d'adulte en interaction avec l'enfant), et la gamme des feedbacks correctifs que l'adulte peut donner. De plus, cette théorie doit fournir une explication concernant l'évolution du système linguistique de l'enfant  vers un système syntaxique et sémantique plus complexe en utilisant l'input, le feedback correctif et plusieurs préalables (priors) cognitifs et grammaticaux.

          Ignorer ce stade représente une lacune substantielle dans notre compréhension du processus de l'acquisition. L'élimination de cette lacune fournira une base significative afin de résoudre des questions fondamentales, telles que évaluer l'étendue que l'interaction conversationnelle (et en particulier le feedback corectif) est cruciale pour l'acquisition (Demetras et al., 1986; Gathercole & Hoff, 2006), découvrir comment la résolution essentiellement contextuelle du contenu des énoncés d'un/deux mots est supplantée par énoncés plus complexes syntaxiquement.

          Notre objectif primordial est le développement d'une théorie de l'interaction adulte/enfant aux premières étapes de l'émergence de la langue. Pour le réaliser on doit fournir une description précise sur les niveaux grammaticaux et contextuels des énoncés que l'enfant peut produire, l'input et le feedback de l'adulte aux énoncés enfantins et une théorie de la dynamique des états linguistiques de l'enfant.  Étant donné l'importance du contexte visuel et pas seulement linguistique pour ce travail, nos données sont tirées de plusieurs corpus multimodales. Notre travail en cours utilise le corpus Providence de CHILDES (Demuth et al., 2006).

 

Publications

Ginzburg, J. & Moradlou, S. (submitted). One word utterances: grammar and interaction.

Ginzburg, J. & Kolliakou, D. (in revision). Avoid repetition: the emergence of clarification requests.